Rétroprojecteurs

pencil

Ces précisions concernant l'utilisation du rétro-projecteur en classe ont été apportées par Mme Marena TURIN.

QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION SUR L'UTILISATION
DU RÉTROPROJECTEUR EN CLASSE D'ANGLAIS


      Le rétroprojecteur est un outil réellement utile, voire indispensable, dans le cadre de l'enseignement de l'anglais. En effet, son utilisation trouve sa place et se justifie à divers moments de la séance et de la séquence. Ses avantages sont divers et variés.
      J'ai tenté ici de réfléchir sur lesdits atouts de cet outil pratique et facile à utiliser, qui donne au professeur une réelle latitude et une grande souplesse dans sa pratique de classe. Il n'y a rien de bien nouveau ici, si ce n'est peut-être le souhait de tenter de donner une vision plus globale de cet outil utilisé parfois de façon ponctuelle ou pointilliste et souvent limité au premier cycle, alors que, dans le second cycle, il s'avère tout aussi indispensable.

      Le rétroprojecteur peut s'utiliser pour travailler les quatre compétences et pour donner aux élèves des outils méthodologiques et conceptuels. Il sert à montrer que l'apprentissage se construit sous leurs yeux, certes, mais surtout AVEC eux, PAR eux.

      Il a sa place à toutes les étapes du déroulement de l'apprentissage, c'est-à-dire :
            - en phase d'apprentissage : en anticipation, lors de l'apprentissage proprement dit (compréhension, compte-rendu, manipulation, transfert, P.R.L., etc.), en fixation et en rebrassage ;
            - en phase d'évaluation : contrôle oral de début de cours à partir par exemple des 'wh- questions', de mots-clés, d'affirmations vraies ou fausses à commenter et à rectifier, ou d'un document iconographique lié au thème travaillé ; évaluation écrite plus conséquente (formative et/ou sommative) à partir d'un document iconographique, d'une citation ou encore d'un montage /collage de divers documents ;
            - postérieurement à l'évaluation, dans le cadre de la remédiation : correction d'exercices d'évaluation (également utiles pour les exercices d'apprentissage dans un autre contexte), présentation d'une "compilation" d'erreurs types commises par les élèves avec comme consigne la correction de ces erreurs et la révision des règles de grammaire, de syntaxe et d'orthographe y afférentes.



AVANTAGES LIÉS À L'UTILISATION DU RÉTRO-PROJECTEUR

      1.  Avantage purement matériel, certes, mais non dénué d'intérêt : il limite le nombre de photocopies et de ce fait facilite les préparations du professeur.

      2.  Il permet de capter, de recentrer et de retenir l'attention et la coopération des élèves ; tous les élèves ont et gardent les yeux et l'attention fixés sur le document rétroprojeté et découvert collectivement. Cela diminue les risques de dispersion, de repli sur soi et sur 'son' document papier — avec tous les risques que nous connaissons : autre document sur le bureau, l'élève ne sait pas où "nous" en sommes, il risque de se désintéresser, de dessiner , etc.

      3.  Il favorise le déclenchement de la parole et surtout de la parole croisée. En effet, il est plus facile d'arriver à une certaine interactivité grâce au rétroprojecteur, car il permet davantage à l'élève de mieux rebondir sur ce qui vient d'être dit par un camarade ; il favorise davantage de réactions sur le vif (confirmer / infirmer). L'intercorrection, de par l'attention collective accrue, s'en trouve également favorisée.

      4.  Avantage directement lié aux deux précédents : il permet à l'élève de mieux intégrer l'idée que le document collectif engendre forcément un travail collectif (oral ET écrit) émanant du groupe classe. Il est en effet bien plus intéressant, me semble-t-il, d'être davantage acteur de sa construction de compétences.

      5.  Avantage primordial : il permet au professeur de maîtriser le document et sa découverte par les élèves en le "manipulant" à sa guise : le document en question peut (devrait !) souvent ne pas être révélé en une seule fois. Le rétroprojecteur permet dès lors diverses techniques telles que le montage, le collage et le réassemblage ("jumbled order") donnant à l'élève une raison (justification) de regarder, lire, décoder ("a reason for reading, listening,."). Il peut également s'agir du "slow reveal" pour ne faire découvrir le document que progressivement. On révèle tout d'abord une photo, le titre, la source, l'auteur, le sous-titre, la première ou la dernière phrase, le premier paragraphe, etc. Ceci permet tout d'abord de maintenir le suspense et l'intérêt, et, ensuite, dans une optique plus méthodologique, de se focaliser sur les points importants détenteurs du sens du support. Les élèves comprennent ainsi le type de démarche à suivre pour aborder un document et réalisent qu'il n'est pas nécessaire de tout comprendre. Enfin, cela montre surtout que la compréhension est un acte foncièrement actif qui fait appel à des sous-capacités mises en jeu les unes après les autres, et qui, mises bout à bout dans un travail de reprise s'appuyant sur la mémoire, permettent à l'élève de 'venir à bout' du support.

      6.  Le rétroprojecteur peut être aussi un élément facilitateur de la compréhension factuelle et/ou implicite : en effet, le professeur peut agrandir ou mettre un lumière — donc rendre plus accessible — un élément, un détail pertinent qui aurait pu passer inaperçu sous sa forme originale réduite.

      7.  Il permet également au professeur d'impulser une sorte de dynamique collective de création avec le groupe : l'idée de faire et de vivre quelque chose d'unique ensemble (comme par exemple la trace écrite qui émane des élèves avant tout). A l'idée de création s'ajoute celle d'évolution interactive, car il ne s'agit pas de reproduire quelque chose de prédéterminé par le professeur commun, par exemple, à toutes les classes d'un même niveau.
      Quelques exemples pour étayer ce point. Il est possible de créer au rétro-projecteur plus facilement qu'au tableau la trace écrite à partir de mots-clés, de corriger des exercices, de bâtir, de mettre en forme et de verbaliser le raisonnement des élèves (P.R.L.), ou encore de réaliser en Expression Ecrite des activités de réduction , d'expansion , de complexification et de reformulation d'énoncés.

      8.  Le côté ludique apporté par cet outil est indéniable. Il propose 'quelque chose' qui permet de sortir du manuel et se prête particulièrement bien à certaines tâches. Je pense par exemple à ce que les anglophones appellent les "listen and do / listen and draw activities" ; cela peut se concevoir par exemple pour les prépositions, les directions, les nombres,. Cela est également pratique dans le cadre des "video/ song dictation" avec au passage un rebrassage de l'alphabet, utile à tous les stades de l'apprentissage !

      9.  Un aspect plus méthodologique se prêtant davantage aux classes de lycée : le rétro-projecteur facilite l'approche d'un document authentique long, tout particulièrement un document littéraire. Cela peut aussi se concevoir pour un article de presse long et ardu. En fait, ici encore on peut très facilement concevoir un travail collectif 'rentable' et efficace. Il s'agira par exemple de faire repérer, outre les éléments déjà évoqués en 5. ("slow reveal") dans tout ou partie du texte :
      - les mots-clés, qui seront surlignés en couleurs sur le transparent par le professeur ou l'élève 'secrétaire' de séance, en demandant ensuite aux élèves, en classe ou à la maison de surligner sur le document papier distribué ensuite, les mêmes (= travail de relecture et de mémoire) et de justifier les choix retenus.
      - les différents champs lexicaux qui composent le support ainsi que les différents mots y appartenant disséminés dans le texte (avec tâches différenciées pour chacun des groupes ou non, et couleurs différentes) ;
      - les divers pronoms personnels et leurs référents (= bonne préparation au bac) ;
      - certains aspects de narratologie (type de narrateur, de focalisation, élements spatio-temporels, changement dans le type de voix, point de vue du narrateur, final twist, type de personnages — description et onomastique —, valeur de leurs dires (ce qu'ils disent et comment ils le disent), déroulement de l'action (chute finale), repérage de redondances porteuses de sens, type de discours et verbes introducteurs, cohérence interne du document et liens logiques du discours (repérage et analyse des mots de liaison) jeux de mots, procédés rhétoriques et figures de style, etc. Tous ces repérages donnant bien sûr lieu à classement, tri, émission d'hypothèses et de conclusions, etc. (cf. Livret évaluation de Seconde). On peut noter ici l'importance de la MISE EN COMMUN à partir d'un même document visionné.

      10.  Enfin, mais last but not least, le rétro-projecteur appuie et parfait le travail de la mémoire : on peut notamment élaborer au fur et à mesure des séances sur le même transparent de départ — les élèves le notant en double page dans leur cahier — le SPIDERGRAM, la charte sémantique, relative à la séquence étudiée. Ce corpus de lexique classé soit par catégories grammaticales, soit par associations d'idées, est réellement un produit collectif en devenir et, avant d'ajouter les mots nouveaux de la séance à ceux des séances précédentes, il est souhaitable et facile de demander aux élèves de restituer le maximum de mots possible étudiés au cours des séances précédentes, avec rapide rappel phonologique si nécessaire.
      En outre, le rétro-projecteur peut servir aux pauses récapitulatives en phase de compréhension d'un document, sonore ou écrit. On "stocke" sur le transparent les mots isolés ou les énoncés d'élèves produits par exemple, pour chacune des parties du texte ou chacun des repérages effectués (lieu, temps, intrigue, etc.). En fin d'élucidation, les mots ou les phrases concernés sont rétroprojetés et servent au Recap. Cela fait travailler la mémoire et permet un réinvestissement constant et en spirale des données de départ. Les élèves les plus à l'aise peuvent ne disposer que d'une partie de cette prise de note pas à pas.
      Enfin, cet outil qui assure une grande liberté au professeur dans le déroulement de la mise en ouvre se prête particulièrement bien aux exercices de mémoire minutés, certes, surtout en collège mais pourquoi pas en classe de Seconde ? Des exercices du type : Observe the scene for one minute and try to remember as many details / objects / . as you can ; Spot out the ten differences between the two drawings, What is anachronic in this scene?



Voici enfin d'autres possibilités d'utilisation du rétro-projecteur
dans le même état d'esprit :

      1.  Travail sur la ponctuation et la segmentation : analyse d'un modèle puis production d'un texte acceptable ;

      2.  Travail sur la phonétique et la phonologie : accent de mot, accent de phrase, intonation, repérages des formes réduites, rôle des certains suffixes au niveau de l'accent de mot, liaisons, etc. : observation à partir d'un document sonore accompagné ou suivi du script, document vierge — rétroprojeté annoté au fur et à mesure de l'évolution de la réflexion collective.

      En conclusion, l'on peut dire que sans rejeter le rôle des autres outils tels que le magnétophone, la video, et aujourd'hui les TICE, le rétro-projecteur devrait avoir sa place dans toutes classes d'anglais et à pratiquement toutes les étapes du projet pédagogique. Tous les professeurs d'anglais devraient en être convaincus, et toutes les salles de classe devraient en être équipées.